La crise de trop
Alors je ne suis pas du genre à tenir compte de ce qu'on peut lire dans les magazines féminins. La mode et les critères de beauté, je m'en fiche un peu (mes cheveux sont passés par le rose vif, le turquoise, le violet...).
Mais je hais mes cuisses depuis toujours. Elles m’empêchent de vivre, et je crois que je peux dire ça sans exagérer.
J’ai vraiment tout essayé : régimes depuis que j’ai 12 ans, jogging, gym de barbare deux fois par jour, mésothérapie, cellu m6… Rien à faire, elles s’obstinent à rester disproportionnées par rapport au reste de mon corps (même si je sens bien que je me suis beaucoup musclée sous tous ces centimètres de graisse gélatineuse), et depuis une bonne dizaine d’années, elles sont devenues mon cauchemar.
On peut dire qu’elles m’ont bien détraquée, mes cuisses.
Au lycée, mes régimes ont fini par dégénérer en troubles du comportement alimentaire (crises de boulimie suivies de périodes d’anorexie), remplacés quelques années plus tard par de la mutilation. Non, je n’ai pas profité de mon adolescence, haha.
Aujourd’hui, j’ai 23 ans, je suis beaucoup plus stable psychologiquement, je n’ai jamais été aussi mince (merci le cholestérol), j’ai un boulot pas trop mal, et j’essaie de me persuader que mes cuisses ne m’embêtent plus - même si en fait, je ne pense plus qu’à elles.
Sans arrêt, toute la journée, je les compare à celles des autres. Et paradoxalement j’essaie de me persuader qu’il n’y a que moi qui les vois. Je me force à mettre des jupes et des shorts (long travail sur moi). Mais du coup, lorsque ma haine pour ces malheureux jambonneaux ressort occasionnellement, c’est violent.
Et par un beau lundi matin de janvier, c’est ainsi que je me suis retrouvée, après avoir croisé mon reflet dans la glace, à frapper et griffer mes pauvres cuisses, à sangloter sans plus pouvoir m’arrêter, incapable de contrôler ma respiration, incapable de me calmer pour attraper mon bus ; j’ai carrément dû prendre le suivant >.< Toute la journée, je me suis demandé ce qui avait bien pu me passer par la tête ce matin-là. Et puis le soir, je me suis rendue à l’évidence : il fallait que je fasse quelque chose.
Et c’est parti pour de longues heures sur internet. Et pour ce paragraphe je crois que je vais passer au présent, parce qu’on va dire que cette crise de cuisses était la dernière de toute ma vie. Alors c’est parti, au présent donc :
J’essaie d’obtenir au moins cinq rendez-vous, en me basant sur des sites de témoignages, les sites officiels des chirurgiens, en demandant des avis sur des forums…
Début février, j’ai mes cinq rendez-vous. Après approfondissement de mes recherches, je finis par en annuler deux qui ne me tentent plus trop.
Et c’est le début de ma tournée des chirurgiens, youhou.
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