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Journal d'une folle au pays de la lipo
28 octobre 2014

Et je chougne encore. (Au fait ça y est, ça fait six mois)

Je suppose que je ferais mieux de raconter un petit peu où j’en suis ; dernièrement, j’ai tendance à finir mes articles sur des touches tragiques, et mon but n’est pas d’affoler la population.

Alors allons-y pour le déballage de vie.

Source: Externe

Bon, regardons les choses en face, j’ai toujours eu un fond plus ou moins dépressif - que j’arrivais à contrebalancer par une façade rigolote. Je suppose que c’est assez normal, personne n’a qu’une seule facette, si ? Mais depuis le rendez-vous du cinq septembre, je crois que j’ai perdu cet équilibre douteux, parce que je n’arrive plus à maintenir ma façade rigolote.

Alors est-ce que c’est ça, la vraie dépression ? Ne plus réussir à faire bonne figure, à affronter la vie de tous les jours en gardant le front haut?

Je n’en sais trop rien en fait, mais c’est nul. C’est la honte totale pour moi, qui ai toujours réussi à me débrouiller toute seule dans mon coin.

L’annonce du granulome avait bien entamé mon moral, déjà fragilisé par l’attente interminable de mes nouvelles jambes. Mais le fait d’apprendre que j’avais perdu ma voix pour rien, que je ne pouvais pas espérer beaucoup plus de mes jambes à moins d’envisager une deuxième liposuccion, ça m’a vraiment démolie.

J’avais toujours envisagé l’opération comme mon ultime porte de sortie. Maintenant, je n’ai même plus cette lueur d’espoir, et j’ai perdu ma musique. Très honnêtement, à ce stade, je n’ai plus rien à attendre de la vie.

(Sans vouloir faire dans le tragique.)

 

Si bien que courant septembre, j’en suis arrivée à laisser mon courrier s’empiler, à laisser passer des dates importantes côté boulot, et je me suis retrouvée complètement dépassée par les événements. Si ma mère ne comptait pas sur moi financièrement (longue histoire), je me serais doucement laissée couler comme ça. D’ailleurs, je crois que j’aurais bien aimé ; j’aurais peut-être fini par être admise quelque part et on se serait occupé de moi.

Mais la vie a ce côté pourri qui fait que plus on grandit, moins on peut faire ce que l’on veut. Alors j’ai pris sur moi et j’ai cherché de l’aide, moi qui ai horreur de ça.

 

Et cela fait donc trois séances que je vois une psychothérapeute. C’est cher, c’est toujours autant le bazar dans ma tête, j’ai toujours aussi peu d’espoir quant à l’avenir, mais au moins, je me sens un tout petit peu moins seule, moins abandonnée. (Parce qu’évidemment, quand on cache son opération à tout le monde, on doit aussi tout garder pour soi quand ça se passe mal.)

Donc maintenant, je sais qu’à la fin de la semaine, je vais pouvoir me décharger sur quelqu’un. C’était un peu le but de ce blog, mais sans vouloir offenser quiconque, ça n’a pas le même effet. J’avais besoin d’avoir quelqu'un en face de moi.

Et sans pour autant bondir de joie dès le réveil, j’ai réussi à retrouver un peu de courage pour tenir une journée de travail entière sans avoir besoin de m’enfermer dans les toilettes pour pleurer, et petit à petit, je rattrape mon retard dans toute la paperasse déprimante. On peut donc dire que mes séances fonctionnent, dans le sens où j’ai repris un peu de contrôle sur la situation (je n’ai pas encore fait faillite en tout cas).

Mais côté humeur, j’ai encore beaucoup de mal à jouer la comédie plus de quelques heures d’affilée. Je me force à voir du monde quand même, parce que lorsque je fais semblant d'être joyeuse, j’y crois parfois pendant quelques secondes, mais c’est affreusement difficile de faire bonne figure. Et lorsque je sens la déprime monter alors que je suis avec quelqu’un, je suis prise au piège et je me demande comment je vais pouvoir tenir jusqu’au bout.

Je profite de ce paragraphe pour dire que j’ai rencontré deux commentatrices de ce blog en chair et en os, dont une qui m’a fait réaliser que l’opération, même si elle restait une énorme déception pour moi, avait donné des proportions un peu plus normales à ma silhouette, et donc bref, merci Internet. (Je continue à répondre à tout le monde au fait, même si ça ne se voit pas puisque je le fais en privé.)

Source: Externe

Pour continuer dans la chronique de mon humeur défaillante : ce week-end, il y avait une soirée raclette, tout le monde parlait de ses pires gueules de bois, et moi évidemment, je n’avais pas grand-chose à raconter, vu toutes les invitations que mes cuisses m’ont fait décliner… Et puis je ne mangeais que des légumes alors que tout le monde s’amusait avec son fromage, bien sûr. Bref, je me suis très rapidement sentie dériver à des années-lumière de tout ça, de tout le monde, mes pensées sont naturellement retombées du côté obscur (ho), et j'ai tout juste eu le temps de monter dans ma chambre pour pleurer un bon coup.

J’ai l’impression que personne ne peut comprendre et que personne ne peut rien pour moi.

Mais paradoxalement, ça me remonte trèèèès légèrement le moral (juste ce qu’il faut pour tenir, en fait) de savoir que je vais pouvoir dire ça à ma psy vendredi.

Cool hein ?

Sinon, hier soir en enfilant mon pyjama, j’ai encore été frappée de dégoût par la vision de mes jambes dans la glace. Je trouve ça tellement injuste, je ne mange presque rien, je fais du sport (ce matin encore, j’ai fait de la corde à sauter jusqu’à en avoir la nausée), j’ai dépensé toutes mes économies, j’ai souffert pendant des mois et j’ai perdu ma voix, tout ça pour des jambes toujours aussi répugnantes. Alors qu’il y a des filles qui naissent parfaites et qui ne se doutent même pas qu’on puisse souffrir autant en désespérant d’avoir ce qu’elles ont déjà naturellement.

Ma vie est toujours sur pause en attendant le jour où je pourrai faire ça :

 

Rae Unzips Her Fat Suit | My Mad Fat Diary (S1-Ep2) | E4

Je ne vois vraiment pas comment je vais pouvoir me sortir de là. Et je déteste me sentir coincée. Si j’habitais toute seule, il y a longtemps que j’aurais ressorti mon scalpel – bouhou que ça me manque.

Samedi soir, ma meilleure amie n’a quand même pas été dupe (je tiens à préciser que je ne garde évidemment que des gens merveilleux autour de moi…). Comme elle est au courant de l’opération et qu'elle insistait, je lui ai expliqué très vite fait ce qui n’allait pas. Elle aussi trouve que je suis dysmorphophobique. Je ne suis qu’à moitié d’accord, parce que j’ai quand même un corps assez répugnant, objectivement - ce n’est pas juste un trouble de la perception. Je suis sûre que personne, absolument personne, en me croisant dans la rue, ne pense : « aah si seulement je pouvais être fichue comme elle ». Non. Personne.

Je suis repoussante.

Et je cherche encore la fermeture dans mon dos.

 

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Commentaires
S
Elle m'a tout appris ! ;)
S
J'ai bien re-regardé tes photos en maillot de bain / soutif culotte (mon côté voyeur, tout ça), et franchement, t'es carrément bonnasse. <br /> <br /> Alors oui, tu l'as écrit plus haut, je sais que c'est pas le corps dont tu rêves, mais t'es PAS dysmorphique. No way.<br /> <br /> <br /> <br /> Et -triste monde tragique - on cherche tous cette putain de fermeture éclair !
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