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Journal d'une folle au pays de la lipo
24 avril 2014

La nuit, le retour

miam miam

1h du matin. Je me réveille d’un seul coup et je me demande comment je vais bien pouvoir me rendormir. Je me sens très bizarre et je n’aime pas ça. J’ai une monstrueuse envie de pipi mais je ne me vois pas me lever pour l’instant, et puis rien ne bouge dans le couloir alors je n’ai pas envie de réveiller tout le monde en appuyant sur la sonnette, donc je prends mon mal en patience.

Hop, petits écouteurs dans les oreilles. Je me félicite d’avoir fait du tri dans ma musique, parce que j’ai à peine la force de changer de chanson (heureusement que mon portable est tactile).

Vers 2h, je commence à m’ennuyer alors j’essaye de me connecter à Internet. J’ai un mail d’une compagnonne de Doctissimo qui veut savoir si j’ai survécu, elle arrive à me faire sourire. Je trouve la force de taper une réponse rapide, et ça me donne un sentiment d’accomplissement : Doctissimo, c’était de l’abstrait, et là je suis bel et bien dans un lit d’hôpital avec quelques litres de graisse en moins. Je l’ai fait !

Et c’est reparti pour quelques heures de musique. Toutes les heures je me dis que je vais appuyer sur la sonnette pour qu’on m’aide à faire pipi, et à chaque fois je renonce, j’ai trop peur d’embêter les gens.

***

5h, je n’en peux plus. En plus je crois que je commence à avoir mal aux reins. Il y a des gens qui se lèvent à 5h pour aller travailler, alors on va dire que c'est une heure décente pour embêter l'infirmière.

Elle arrive immédiatement et je lui explique mon problème. « Euh bah ça va être la bassine là… » Je grimace. « Ah mais non c’est quoi que vous avez eu, une lipo ? Alors c’est bon, vous allez pouvoir vous lever ». Héhéhéhé j’ai gagné. Là, j’avoue que j’aimerais bien qu’on m’aide, mais elle me demande d’essayer de voir si je peux y arriver toute seule d’abord, en poussant un peu sur les jambes. Je précise qu’elle m’a quand même redressé le dos hein.

..Baaaah ! Des flaques rougeâtres. De quinze centimètres de diamètre. Un peu partout sur le matelas. (Heureusement, je m’étais bien renseignée auprès du docteur, donc je sais que c’est juste de la lymphe et du sérum phy avec un peu de sang et que c’est normal.) Je demande à l’infirmière de me pardonner d’avoir ruiné son matelas.

Ça a bien pris cinq minutes mais ça y est, je suis debout ! Enfin courbée en deux. J’ai moins mal que je ne l’aurais cru, j’ai juste du mal à me faire obéir de mes jambes. L’infirmière veut venir avec moi aux toilettes mais je lui demande si je peux essayer toute seule avec la porte un peu tirée (et ce sera déjà un miracle si j’y arrive comme ça). Je m’assois tout doucement, argh ça tire mais je supporte – je remercie au passage le ciel que mes fesses soient intactes. Wouhou pipi ! Je m’essuie comme je peux et je me redresse en tirant sur le lavabo.

Et puis sans prévenir, des étoiles envahissent mon champ de vision jusqu’à ce que je ne voie plus rien du tout ; je n’entends plus rien non plus parce que j’ai des acouphènes de malade d’un seul coup. C’est comme les chutes du Niagara en Dolby surround dans mes oreilles. J’agrippe le lavabo de toutes mes forces pour ne pas tomber ; je respire méga-fort.

Je finis par y revoir à peu près clair et j’ai l’impression qu’il y a un gobelet et du dentifrice à des kilomètres à l’horizon. Qu’est-ce qu’ils font là ? Ah oui c’est bon, je me rappelle où je suis d’un seul coup. L’infirmière s’inquiète un peu dans la chambre, je la rassure d’une voix chevrotante. Je me lave les mains en essayant d’éviter le cathéter, et je me rince vite fait la bouche avec du dentifrice et de l’eau, parce que le goût des petits pois et des haricots verts ça va bien cinq minutes. Elle m’aide à retourner dans mon lit et m’installe une perf de paracétamol, parce que l’anesthésiant doit faire un peu moins effet maintenant (ah super, donc en fait je ne suis pas au bout de mes peines si je comprends bien). Eh mais je ne me suis même pas évanouie ; je suis contente de moi. On me fait une piqûre d’anticoagulants et on m’abandonne à nouveau.

Je remets mes lunettes sur le nez pour contempler le plafond plus à mon aise, puisque je ne peux plus entendre ma musique avec mes acouphènes. Ça va être long jusqu’au matin. J’ai la tête qui tourne rien qu’à m’imaginer faire ma toilette et repartir chez moi.

Je me rends compte que je n’ai même pas pensé à me regarder dans la glace. Bien joué >.<

***

On frappe à la porte. J’essaye de répondre mais ma voix ne sort plus ; ça, ça doit être l’intubation (mais enfin pour l’instant ça va, c’est l’équivalent d’une angine, je m’attendais à pire moi).

Hé c’est le docteur !

Là par contre, je ne me souviens plus de toute conversation. J’étais trop mal. Je crois que je m’endormais à moitié en lui répondant ; en tout cas il avait l’air très content et il a dit que j’allais sûrement l’être d’ici quelques semaines, moi aussi (sûrement en réponse à ma moue de gros bébé quand il m’a annoncé le volume de graisse retiré – 3,5L, beaucoup trop peu à mon goût). Il aussi dit qu’il s’était "amusé" à redessiner un peu les choses derrière, en désignant la zone des poignées d’amour dont je n’avais pas osé lui parler justement ; alors ça c’est cool, j’aime bien qu’on lise dans mes pensées ! Voilà qui explique le mal de reins. Haha, qu'est-ce qu'on s'amuse n’empêche. Je lui ai demandé s’il faisait jour, et comme il faisait « ah oui carrément jour » d’après lui, il m’a ouvert le store et la fenêtre, je me sentais déjà mieux. Je me souviens de m’être excusée d’avoir les mains moites quand il est parti. Je suis bête des fois.

Voilà, je sais qu’il a dit plein d’autres choses, mais sur ce coup-là mes souvenirs sont très flous.

Pas grand-chose d’important après, je fais ma toilette, je m’habille en couinant, j'essaye d'accepter le fait que je vais garder cette démarche de grand-mère pendant quelques jours… Ah si ! Même déjà très gonflées, mes cuisses ne se touchent plus au niveau de l'entrejambe :D Je ris toute seule devant le miroir.

Je dis au revoir à tout le monde, je fais ma sortie au secrétariat et je prends mon taxi. Je somnole pendant presque tout le trajet.

Qu’est-ce que ça fait du bien d’être à la maison ! Et de faire un bisou à sa maman.

Je passe presque une heure à déambuler dans le salon. Ma mère me suit partout, c’est mignon.

Je finis par dire la vérité à mon petit frère de 13 ans qui s’étonne que j’aie eu besoin d’une anesthésie générale pour des infiltrations dans les genoux (mon excuse officielle) et que j’aie l’air aussi morte. Depuis que je suis rentrée, il est aux petits soins avec moi, il me fait du thé, me demande si j’ai besoin d’autres coussins, etc., alors j’estime qu’il est digne de confiance. Je crois qu’il est super fier d’être dans la confidence, c’est chou. Mon autre frère de 20 ans par contre, moqueur et déplaisant comme il est, il peut toujours se brosser.

J’envoie un mail au docteur dans l’après-midi pour le remercier avec un peu plus de conviction qu’à 8h. Je n’arrive toujours pas à me souvenir de toute notre conversation mais je pense que je dormais à moitié.

Je sens que je ne vais pas beaucoup manger dans le mois qui vient. La moindre bouchée menace de faire exploser ma gaine.

J’ai très mal bien sûr, mais je reste sur du paracétamol pour l’instant ; ça avait l’air de marcher à la clinique, donc autant continuer comme ça.

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